Méthodologie CM1-CM2-6ème - Annexe atelier 5

Roberto, le jaguar et Mlle Lézard (Brésil)

Monsieur Roberto la tortue tomba amoureux d’une certaine demoiselle Lézard. Il décida d’aller la trouver afin de savoir si elle l’aimait aussi. Pauvre Roberto ! Lorsqu’il arriva chez sa bien-aimée, toute la famille Lézard se pâmait d’admiration devant le Jaguar.

  • Comme il est grand et frot ! disait Mme Lézard.
  • Et quel magnifique manteau ! soupirait Mlle Lézard.
  • En effet, M. Jaguar serait un mari idéal pour notre fille, conclut M. Lézard.

 

Roberto réagit aussitôt.

  • Vous avez raison, M. Jaguar est fort beau, dit-il. Mais, à mon avis, il ne fera jamais grand-chose dans la vie. Il est out juste bon à me promener à cheval sur son dos.
  • Quoi !? s’étonna Mlle Lézard.
  • Parfaitement, affirma Roberto. Si vous voulez un mari intelligent, je pense que je ferais nettement mieux l’affaire.

 

Roberto rentra chez lui. Il s’allongea sur son lit et attendit. Peu après, M. Jaguar fit irruption dans sa chambre.

  • Roberto, tu as dit des mensonges sur moi ! gronda-t-il. Pourquoi as-tu raconté à Mlle Lézard que je te promenais à cheval sur mon dos ?

Roberto répondit alors d’une voix faible et tremblante :

  • Je sais bien que vous ne me laisseriez jamais faire une chose pareille, monsieur Jaguar !
  • Alors viens avec moi chez Mlle Lézard. Tu lui avoueras toi-même que tu n’es jamais monté à cheval sur mon dos.

Roberto se mit à tousser.

  • J’aimerais bien vous suivre mais je suis trop malade, geignit-il. Nous irons plus tard, quand j’irai mieux…si toutefois mon état s’améliore. A moins que vous ne m’aidiez à aller jusque là-bas ?
  • C’est bon, monte sur mon dos, grogna le jaguar.

Il se baissa pour permettre à Roberto de grimper, puis il se mit en route pour la demeure de Mlle Lézard.

 

  • Aïe, aïe, aïe ! s’écria Roberto. Vous avez les os pointus, monsieur Jaguar. Cela me fait terriblement mal, laissez-moi descendre !

D’un coup de dents, le jaguar décrocha une grande feuille souple et douce. Il la tendit à Roberto en disant :

  • Assieds-toi là-dessus et cesse de te plaindre.

Roberto s’installa confortablement sur la feuille et le jaguar poursuivit son chemin.

  • Aïe, aïe, aïe ! s’écria de nouveau Roberto. J’ai peur de tomber, laissez-moi descendre !

Le jaguar prit une liane entre ses dents et il en tendit les deux bouts à Roberto en disant :

  • Prends ça et cesse de te plaindre.
  • Aïe, aïe, aïe ! s’écria Roberto.
  • Quoi encore ? rugit le jaguar.
  • Il y a des mouches partout et les moustiques n’arrêtent pas de me piquer ! Faites demi-tour immédiatement, monsieur jaguar, et ramenez-moi à la maison !

D’un coup de dents, le jaguar cassa une brindille et il la tendit à Roberto en disant :

  • Chasse-les avec ça et cesse de te plaindre.

Roberto prit la badine dans sa bouche et l’agita dans tous les sens. Ce faisant, il donna quelques coups de fouet au jaguar mais celui-ci n’y prit point garde, tant il était pressé d’arriver chez Mlle Lézard.

 

  1. Lézard père, qui se prélassait sur un tronc d’arbre, vit passer le jaguar et son cavalier.
  • Venez voir, venez tous ! C’est donc vrai, Roberto se promène à cheval sur le dos de M. Jaguar !

Le jaguar courait si vite et haletait si fort qu’il n’entendit ni les cris ni les rires qu’il déclenchait sur son passage. En arrivant à la maison de Mlle Lézard, il déclara :

  • A présent parle, Roberto. Dis-leur que tu as menti et que je ne t’ai jaimais promené sur mon dos !
  • Chère mademoiselle Lézard, dit Roberto, voulez-vous m’épouser ? Si vous acceptez, mon cheval nous emmènera de ce pas à l’église.

Roberto se laissa glisser à terre. Il était temps ! Le jaguar, honteux, fila comme l’éclair pour aller se cacher au plus profond de la jungle. Mlle Lézard et ses parents furent d’accord pour dire que M.Roberto Tortue était assurément un bien meilleur parti que ce grand bêta de jaguar-cheval.

La Tortue et l’Homme de bois (Nigéria)

Au cours d’une période de grande sécheresse, les récoltes se flétrirent et dépérirent. Tous les humains et tous les animaux mouraient de faim. Le seul à ne pas en souffrir était Iroko, l’homme de bois, car son jardin regorgeait d’ignames.

La tortue était devenue si maigre qu’on entendait ses os cliqueter sous sa carapace. Elle alla trouver l’homme de bois et lui dit d’un ton implorant :

  • S’il te plaît, Iroko, donne-moi une igname !
  • En voici une, répondit-il. Fais-la cuire et mange-la. Cette nuit, je viendrai chez toi et je te donnerai un coup de bâton. Une igname égale un coup.

La tortue prit l’igname et rentra chez elle. En chemin, elle croisa une chèvre.

  • Tu veux bien partager ton igname avec moi ? demanda la chèvre.
  • Avec plaisir ! répondit la tortue.

Et toutes deux se rendirent chez la tortue pour faire cuire l’igname et la manger.

  • Veux-tu rester dormir à la maison ? proposa la tortue à la chèvre. Tu pourras t’installer près de la porte. On doit justement me livrer un colis cette nuit. Quand tu entendras frapper, tu n’auras qu’à ouvrir et dire : “C’est bon, donne-le-moi.”

Au beau milieu de la nuit, la chèvre entendit frapper à la porte. Elle alla ouvrir et dit :

  • C’est bon, donne-le moi.

L’homme de bois lui donna un grand coup de bâton sur la tête, mais il la frappa sur les cornes, et elle ne sentit rien du tout.

 

“Cette tortue est très forte, songea Iroko. Elle n’a même pas bronché quand je l’ai frappée !”

 

Le lendemain, la tortue s’en alla de nouveau trouver l’homme bois. Cette fois, elle lui réclama deux ignames.

  • Entendu, répondit-il. Mais tu connais le marché : deux ignames, deux coups de bâton.

En rentrant chez elle avec ses deux ignames, la tortue rencontra un phacochère.

  • Tu veux bien partager ces ignames avec moi ? lui demanda-t-il .
  • Avec plaisir ! répondit la tortue.

Et tous deux se rendirent chez la tortue pour faire cuire les ignames et les manger.

  • Veux-tu rester dormir à la maison ? proposa la tortue au phacochère. Tu pourras t’installer près de la porte. On doit justement me livrer des colis cette nuit. Quand tu entendras frapper, tu n’auras qu’à ouvrir et dire : “C’est bon, donne-les moi.”

 

En pleine nuit, le phacochère entendit frapper à la porte. A moitié endormi, il alla ouvrir et dit :

  • C’est bon, donne-les moi.

Iroko se dit en lui-même : au lieu de frapper la tortue sur la tête comme la dernière fois, je vais la taper de chaque côté. Il donna un grand coup à droite, un coup à gauche, mais son bâton se heurta aux grandes défenses du phacochère et celui-ci ne sentit rien du tout.

  • Décidément, cette tortue est très forte, grommela Iroko.

Le jour suivant, la tortue s’en alla trouver l’homme de bois et, cette fois, lui réclama sept ignames.

  • Tu sais ce qu’il t’en coûtera, n’est-ce pas ?
  • Oui, dit-elle. Sept ignames, sept coups de bâton.

Sur le chemin du retour, elle rencontra une civette.

  • Tu veux bien partager ces ignames avec moi ? demanda la civette.
  • Mais bien sûr ! répondit la tortue.

Et elles allèrent toutes deux faire cuire et manger les ignames.

  • Si tu veux, tu peux passer la nuit chez moi, proposa la tortue à la civette. Tu pourras t’installer près de la porte. On doit justement me livrer des colis cette nuit. Quand tu entendras frapper, tu n’auras qu’à ouvrir et dire : “C’est bon, donne-les-moi.”

 

Or, la civette avait le sommeil très lourd. Quand l’homme de bois vint frapper à la porte, elle n’entendit rien.

  • Hé ! Civette, réveille-toi ! chuchota la tortue.

La civette n’ouvrit pas un œil. L’homme de bois frappa de nouveau, encore plus fort, mais elle continua de dormir comme une souche.

  • Hé ! Civette, va ouvrir ! cria la tortue.

Iroko compris soudain que la tortue s’était arrangée pour que d’autres animaux reçoivent les coups à sa place. Il poussa la porte de toutes ses forces et pénétra dans la maison. La tortue, en toute hâte, se réfugia à l’intérieur de sa carapace. L’homme de bois la chercha à tâtons et lui donna sept coups de bâton.

C’est depuis cette nuit-là que la carapace de la tortue est toute craquelée.

La magie des souris (Japon)

Un brave homme et sa femme, tous deux très âgés, vivaient jadis dans une ferme. Tous les matins, la vieille dame préparait de délicieux gâteaux appelés dango. Avant de partir travailler aux champs, le vieil homme emportait toujours quelques dango dans une petite boîte. Un jour qu’il était assis sur une pierre, il en fit tomber un par terre. Le dango partit en roulant, rouli, rouli, roula, puis disparut subitement.

Le vieil homme se mit à quatre pattes pour le chercher, mais en vain. C’est alors qu’il entendit de toutes petites voix qui s’échappaient d’un tout petit trou.

Soudain, shaaaam ! Le trou s’élargit et devint si grand qu’il put y glisser la tête. Et que découvrit-il ? Le royaume magique des souris ! Celles-ci s’affairaient joyeusement dans leur souterrain. Certaines faisaient la cuisine, d’autres du tissage, d’autres de la peinture, d’autres de la musique. D’autres encore dansaient autour du dango en chantant :

“Tous les chats sont partis,

  A nous la belle vie !”

 

  • Puissent les chats laisser votre beau royaume en paix, déclara le brave vieillard.

La plus grande des souris leva la tête vers lui.

  • Merci pour le délicieux dango, lui-dit-elle. En échange, permettez-moi de vous offrir ce marteau magique. Il vous suffira de marteler le sol et la fortune vous sourira.

 

Le viel homme remercia la souris et, sitôt rentré chez lui, il raconta son aventure à sa femme. La souris avait dit vrai. Chaque fois qu’il tapait par terre avec le marteau, toc, toc, toc, des pièces d’or surgissaient comme par enchantement !

Mais bientôt leur voisin eut vent de la nouvelle. C’était un homme avare et méchant. Il rendit visite au brave vieillard et lui dit :

  • Quelle est donc cette histoire de marteau magique ?

Le vieil homme lui fit part de son aventure.

Le lendemain matin, le méchant bonhomme se rendit au champ avec un dango de sa propre fabrication et il le laissa tomber par terre. Le gâteau roula, rouli, rouli, roula, puis disparut subitement. Le méchant homme se mit à quatre pattes et ne tarda pas à découvrir le repaire des souris. Il se pencha et colla son œil au trou. Soudain, shaaaam ! le trou s’élargit et devint si grand qu’il put y glisser la tête. Et que découvrit-il ? Le royaume magique des souris ! Celles-ci s’affairaient joyeusement dans leur souterrain. Certaines faisaient la cuisine, d’autres du tissage, d’autres de la peinture, d’autres de la musique. D’autres encore dansaient autour du dango en chantant :

“Tous les chats sont partis,

  A nous la belle vie !”

 

Mais cet homme était si malfaisant qu’il se mit à miauler comme un chat, miaou, miaou, miaouou ! Aussitôt, les souris s’enfuient en couinant de frayeur et…shaaaaaamm ! Le trou se referma brusquement. L’ennui, c’est que le vilain bonhomme avait encore la tête dedans. Il eut beau tirer, pousser, tempêter et se débattre de toutes ses forces, impossible de se décoincer !

Tous les gens du voisinage accoururent à ses cris et ils se moquèrent de lui pendant un bon moment. Finalement, ils l’aidèrent à se dégager en piochant le sol avec leurs outils. Le méchant homme rentra chez lui en toute hâte…et sans dire merci. Les souris ne lui donnèrent jamais de marteau magique. Le brave vieillard, quant à lui, continua de couler des jours heureux avec sa femme.

Au pays des longues cuillères

Cet homme avait beaucoup voyagé. Au long de sa vie, il avait visité des centaines de pays réels et imaginaires…

L’un des voyages dont il gardait le souvenir le plus impérissable était sa courte visite au Pays des longues Cuillères.

Il était arrivé à la frontière par hasard : sur le chemin menant d’Uvilandia à Paris, il y avait une petite déviation qui allait vers ce pays. Comme il adorait explorer, il prit ce chemin. La route sinueuse s’arrêtait à une immense maison isolée. En s’approchant, il remarqua que la demeure semblait divisée en deux pavillons : une aile ouest et une aile est. Il gara sa voiture et s’approcha de la maison. A la porte une pancarte annonçait :

 

“Pays des Longues Cuillères : Ce petit pays ne compte que deux habitations, nommées Noire et Blanche. Pour le parcourir vous devez avancer dans le couloir jusqu’à l’endroit où il se divise et tourner à droite si vous voulez visiter la Noire, à gauche si c’est la blanche que vous souhaitez connaître.”

 

L’homme avança dans le couloir, et le hasard le fit tourner d’abord à droite. Un nouveau couloir d’une cinquantaine de mètres aboutissait à une porte. Dès les premiers pas lui parvinrent des “aïe” et des “ouille” qui provenaient de la pièce noire.

Pendant un moment, les exclamations de souffrance et les gémissements le firent hésiter, mais il décida de continuer. Il arriva à la porte, l’ouvrit et entra. Assises autour d’une immense table se trouvaient des centaines de personnes. Au centre de la table étaient disposés les mets les plus exquis qu’il fût possible d’imaginer et, bien que tous aient une cuillère leur permettant d’atteindre les plats posés au centre, ils mouraient de faim ! La raison venait de ce que les cuillères, deux fois plus longues que leurs bras, étaient fixées à leurs mains. Tous pouvaient donc se servir, mais aucun n’avait la possibilité de porter la nourriture à sa bouche.

 

La situation était si désespérée et les cris si déchirants que l’homme fit demi-tour et sortit de la salle en courant.

Il revint à l’embranchement central et prit le couloir de gauche qui conduisait à la pièce blanche. Un couloir exactement pareil au précédent menait devant une porte identique. La seule différence était qu’en chemin on n’entendait ni plaintes ni lamentations. Arrivé à la porte, l’explorateur tourna la poignée et pénétra dans la pièce.

Des centaines de personnes se trouvaient également assises autour d’une table semblable à celle de la pièce noire. Au centre, on voyait aussi des plats exquis, et toutes les personnes portaient une longue cuillère fixée à leur main.

Mais ici, personne ne se plaignait ni ne se lamentait. Personne ne mourait de faim, parce-que tous se donnaient à manger les uns aux autres !

L’homme sourit, fit demi-tour et quitta la pièce blanche. Lorsqu’il entendit le “clic” de la porte qui se refermait, il se retrouva soudain, mystérieusement, dans sa voiture, en train de conduire sur la route qui menait à Paris.

(85) au Pays des Longues Cuillères – YouTube