Atelier 4 : La narration

Mise en place : de quoi a-t-on besoin ?

– Un espace de travail. La salle mise à disposition doit être suffisamment grande et aménagée de telle sorte à pouvoir accueillir l’ensemble des participant.e.s et permettre une liberté de mouvement, l’atelier demandant un engagement physique.

Les participant.e.s

La méthodologie s’adresse à des élèves de lycée, âgé.e.s entre 15 et 18 ans. Idéalement, le groupe ne doit pas excéder 35 élèves. 

Intervenant.e.s

Enseignant.e.s de l’école, éducateur.ice.s, professeur.e.s de théâtre

Objectifs de cet atelier

  • Renforcer la capacité de réflexion individuelle et collective autour d’un texte. 
  • Parvenir à déterminer un parti pris.
  • Développer la créativité.

Temps requis

120 minutes

Mise en œuvre

Les ateliers utilisent des techniques de diction et de respiration issues du théâtre ainsi que des exercices d’expression orale et de débat autour d’une thématique liée à un texte source. Ils mettent également en pratique, à travers des techniques d’expression corporelle, les questions théorisées par les élèves pour permettre une compréhension globale des enjeux soulevés par le texte. 

Finalité

À la fin de la session, les élèves auront : 

  • Développé une capacité à travailler individuellement et en groupe
  • Démarré le processus introspectif propre au témoignage et à au récit personnel
  • Travaillé la relation entre écrit et visuel (mettre en image un récit, coucher des souvenirs sur le papier)

1. Début de séance

Le clap  
En cercle, les enfants font passer un clap à leur voisin.e (on frappe dans ses mains) en faisant le tour du cercle. Pour que le clap puisse passer, les élèves doivent se regarder dans les yeux avant de frapper dans leurs mains !

2. La balle imaginaire

Les participants se lancent une balle imaginaire qui change de forme, de taille, de poids, de consistance, d’odeur… Ils doivent réagir à la réception et au lancé de manière à bien faire comprendre les particularités de leur balle. A la réception, ils montrent qu’ils ont bien compris la proposition faite par l’envoyeur. Puis, ils doivent veiller à être précis dans leur manière de manipuler la balle avant de la renvoyer de sorte que le nouveau receveur dispose de suffisamment d’éléments pour se représenter fidèlement cette nouvelle balle !

1. Lecture à voix haute et analyse du corpus

En annexe, vous trouverez des propositions de texte pour composer votre corpus, mais cet exercice se prête certainement volontier aux textes que vous destiniez à être étudiés dans votre programme.

> Qui y a-t-il de commun aux textes ? = “je”
> Qui y a-t-il de différent ? Quelles impressions différentes cela produit-il ? = roman, documentaire, lien avec le lecteur (connivence avec partage de référence commune…)
> Comment est traité le personnel à l’intérieur de l’historique et vice versa ?

Voici un exemple des attendus avec des textes du corpus proposé : 

Simone de Beauvoir : la narration s’appuie sur les objets, que l’on voit, que l’on touche = à la manière de la visite d’un grenier.

Patti Smith (2) : Voyage visuel avec des apparitions, motif de la maison de poupée/maison hantée, références à Alice in wonderland – relation à la drogue et à l’alcool.

Grand Corps malade : Description par les sens = la vue, l’impossibilité de bouger ; Scène tout en mouvement qui emporte le narrateur lui-même paralysé.

Simone Veil (1 et 2) : Description empreinte d’émotion, beaucoup d’éléments sonores (train, discussions…)

2. Mise en scène: raconter par l’image Le parti pris de mise en scène

Les élèves choisissent par groupe un des textes, ou un des auteurs ( ce qui regroupe 2 à 3 textes), à mettre en scène. Ils font abstraction des réalités techniques et peuvent se projeter sans limites.

Ils doivent déterminer un parti pris : quelle sera la ligne directrice de leur création, quelle idée souhaitent-ils défendre.

Ils décrivent ensuite à l’aide de croquis, de photos, de carnets d’inspiration et de textes argumentatifs l’ambition de leur mise en scène : scénographie (décor, musique, vidéo, bruitage, place du public, participation du public…), costumes (et accessoires), direction d’acteurs

Vous trouverez en annexe un exemple de travaux par une classe de 2nde au Raincy autour de La Flûte Enchantée de Mozart.

3. Ecriture

> Jeu du cadavre exquis : chaque élève commence un récit sur un petit rien qui lui procure du plaisir/bien-être dans la vie, ou sur une rencontre marquante qu’il a vécu. Au bout de 3 minutes, on échange les feuilles et ceci 2 fois pour finir l’histoire (et donc avoir 3 auteurs différents)

> Faire parler une image : vous proposez aux élèves des portraits, photographies ou tableaux, auxquels ils vont devoir donner vie. Ils doivent créer une situation, une narration et des dialogues. Vous trouverez en annexe des exemples de travaux réalisés par une classe de 2nde du Raincy à partir d’autoportraits de peintres célèbres.

> Les élèves répondent aux questions du questionnaire en annexe de façon individuelle. Ils peuvent le faire à l’écrit ou s’enregistrer (audio ou vidéo) à leur convenance. Ils sélectionnent et organisent ensuite leurs réponses afin d’en tirer un petit texte. 

Ils doivent ensuite adapter le récit en essayant de ne jamais utiliser la première personne du singulier. Puis, au contraire, en utilisant uniquement la première personne du singulier.

Ces différentes versions peuvent être enregistrées en audio ou en vidéo.

4. Débat

➤“Se raconter, se montrer, s’exposer. C’est presque devenu une constante dans l’art contemporain : l’artiste met en scène sa propre vie. A travers l’histoire de son univers quotidien, de celui de ses proches, il cherche à révéler des vérités, à exprimer l’Homme dans sa réalité la plus intime.”

Mythologies personnelles : l’art contemporain et l’intime, Isabelle de Maison Rouge

➤Concept de la “mythologie individuelle” : exemple avec l’ensemble de  l’Oeuvre de Christian Boltanski (par exemple Vitrine de référence) jusqu’au projet Une vie en boîte :

Boltanski avait 65 ans lorsqu’il a accepté de vendre non pas son habitation en viager mais… sa vie ! Un pari un peu fou mais qui s’est avéré payant.

Tout a commencé fin 2009. David Walsh, le fondateur du musée MONA (Museum of Old and New Art) à Hobart, au sud de la Tasmanie, souhaite acquérir une œuvre de l’artiste français qu’il admire. Mais Walsh n’est pas un propriétaire de musée comme les autres…

Le Tasmanien a bâti sa fortune en jouant. Doté d’une capacité de calcul mental prodigieuse, il est vite devenu la bête noire des casinos. À tel point qu’il en est interdit depuis de nombreuses années. L’homme se targuait d’ailleurs de n’avoir jamais raté un pari. Ce qui a poussé Boltanski a lui en proposer un : plutôt que de lui payer son œuvre, Walsh lui achèterait sa vie en viager. Une œuvre en soi baptisée : Une vie en boîte, The Life of C.B..

Les termes du contrat étaient simples. À partir du 1er janvier 2010, 4 caméras filmeraient la vie de l’artiste français en direct et en permanence jusqu’à sa mort en échange d’une rente mensuelle. Si Boltanski mourrait dans les 8 ans, Walsh serait propriétaire de l’œuvre qu’il convoitait et serait gagnant (l’homme avait parié que l’artiste mourrait en 2018). Si le plasticien survivait au-delà de 8 ans, Walsh perdrait alors de l’argent. Et donc son pari.

Pourquoi avoir accepté de vendre sa vie en viager ? À l’époque, Boltanski expliquait qu’il avait trouvé cela bizarre mais qu’il éprouvait malgré tout un certain plaisir à jouer avec le propriétaire du MONA, sûr de ne jamais perdre. « Seul le diable peut gagner un pari sur la mort », confiait-il. Et d’ajouter dans le journal L’Humanité : « Vendre aujourd’hui sa vie en viager paraît honteux, relève du tabou. Et moi, je prétends qu’il n’y a pas de quoi hurler, que ce sont des choses possibles. Chez moi, le savoir compte plus que l’objet. Je joue mes œuvres. (…) C’est ma propre mort qui m’interroge, mon travail est plus impalpable. »

Il est interdit à Walsh d’interrompre le direct. Il ne peut pas non plus diffuser des images enregistrées. Tout le monde a accès aux images en temps réel dans une grotte dans la propriété de Walsh. Mais elles ne peuvent être diffusées que là. Walsh deviendra propriétaire des DVD des enregistrements uniquement à la mort de Boltanski. L’artiste français a gagné sa partie d’échecs contre « le diable », contre « la mort ». Christian Boltanski est décédé le 14 juillet 2021.

> Quelle serait la fonction de l’art aujourd’hui ?

> D’après vous, pour la création d’une œuvre, doit-on privilégier la vérité ou la beauté ? Les deux sont-elles incompatibles ? 

> Comment définissez-vous alors la beauté ?

> La vérité peut-elle déterminer la valeur d’une œuvre d’art ? 

> Des objets comme les émissions de télé-réalité peuvent-ils être alors perçus comme des œuvres d’art ?

> La culture savante et la culture populaire : peut-on “classer” les goûts de chacun ? 

5. Rituel de fin

Le clapping
Le.a meneur.euse se place face aux autres membres du groupe afin d’être bien vu de tous. Il.elle se positionne les bras à l’horizontal et va frapper des mains au-dessus de sa tête. Les autres doivent l’imiter en respectant son rythme. Puis, petit à petit, il.elle va accélérer jusqu’à aboutir à des applaudissements.